Quand l’hiver se déploie et que chaque flocon semble une perle tombée du ciel, il y a une sorte d’harmonie majestueuse à porter ces petites merveilles nacrées. La perle d’hiver peut être grandiose, somptueuse, juvénile, gaie et colorée et, pourquoi pas, amusante. La perle n’a pas de saison!
La plus vieille perle du monde, à ce jour, à environ 7500 ans. Elle a été découverte lors de fouilles dans le golfe arabo-persique, sur la lèvre d’un défunt. Plus proche de son esprit, on ne pouvait pas faire! Sa perle précieuse, glanée au fond de l’océan, était son intermédiaire vers le ciel et, espérons-le, vers le paradis. Ronde comme la lune, blanche ou dorée comme elle, la perle est la gemme de la nuit… même éternelle.
Le «renouveau» des perles
Lors des dernières Fashion Weeks de Paris, Milan, en passant par New York, la perle était partout. Des icônes de la mode aux stars du hip-hop, toutes et tous en portaient. Et les journalistes de parler du «renouveau» de la perle grâce aux tapis rouges. Depuis l’Antiquité, la perle vit de renouveau en renouveau. Elle ne fait en aucun cas un retour en force car elle ne quitte jamais le cœur et le cou de celles et ceux qui l’admirent. Elle est incontournable, ajoute une touche de luxe et de sophistication au bijou le plus classique ou à celui, plus déjanté, composé de perles aux teintes pimpantes et aux formes baroques. Mais tout cela n’a rien de nouveau.
Le luxe durable
Qu’elle soit japonaise, des Mers du Sud ou des lacs chinois, la perle se métamorphose de la forme la plus classique et la plus ronde à la tournure la plus excentrique. Certaines sont parfois juste «léchées» par les huîtres qui ont aidé à les créer, alors que d’autres sont toutes de matière perlière lorsqu’elles sortent de la moule d’eau douce qui les a «cocoonées». Mais d’où qu’elles viennent, elles n’ont pas nécessité d’extraction qui ait bouleversé l’environnement et n’ont pas dégagé plus de CO2 que ça. Finalement, c’est la gemme précieuse idéale car elle a un faible impact environnemental. Quant aux farfelues qui pensent que c’est bien mieux d’acheter un diamant synthétique qu’un diamant naturel pour le bilan carbone, elles devraient y penser et réfléchir un peu.
L’écologie de la perle
Les fermes perlières, partout dans le monde, sont obligées, de gré ou de force, de s’adapter aux besoins environnementaux de la planète et à la préservation marine. Si les mers ou les lacs sont pollués, plus de perles! C’est déjà arrivé au fameux lac japonais Biwa, où vous n’auriez jamais voulu tremper un doigt de pied de peur de ne plus le retrouver intact. Les problèmes de pollution et/ou de maladie des huîtres font que, régulièrement, par exemple, le prix des perles grises à noires de Tahiti s’envole, car il n’y a plus assez de marchandise sur le marché.
La perle, une valeur sûre
Comme toutes les matières précieuses, la perle a des périodes de surchauffe puis, à la longue, les prix se stabilisent. Et ça recommence! Néanmoins, si l’on est capable de lisser les valeurs des perles sur la durée, elles se maintiennent assez bien. À la fin du XIXe et dans le premier quart du XXe siècle, il y a cependant eu comme un tsunami général sur les perles. Des petits rigolos, dont le grand public n’a conservé que le nom de Mikimoto, ont enfin été capables de «cultiver» les perles dans des huîtres japonaises et, un peu plus tard, dans des grands bénitiers des Mers du Sud. Alors que, jusque-là, les perles étaient toujours «fines», c’est-à-dire nées dans une huître sauvage, sans l’aide de personne, au XXe siècle, elles deviennent des perles de culture.
La culture de la perle
Les perliculteurs introduisent des noyaux de nacre de différents diamètres dans les huîtres japonaises et savent exactement quelle sera la taille de la perle au bout de 3, 6, 9 ou 24 mois. Théoriquement, elle sera ronde, mais il peut y avoir des hics, la couleur sera à peu près celle de la coquille intérieure (blanc-rosé) et le hasard n’y est plus pour grand-chose. Désormais, on peut savoir la dimension, la couleur et presque tout de la perle qui va naître dans le mollusque opéré. Alors qu’il a fallu durant des siècles et des millénaires, patiemment rechercher une perle après l’autre pour créer un collier à peu près homogène, les Japonais, désormais, constituent assez rapidement des colliers réguliers et magnifiques. Les prix de la perle fine s’effondrent, la plaque tournante de Paris agonise et on pense que plus jamais, les colliers de perles fine ne reprendront de la valeur. Fatale erreur car, depuis une dizaine d’année, les riches clients et les maisons de ventes aux enchères semblent préférer, et de loin, l’original à la copie. Les prix se sont envolés de façon stratosphérique!
La beauté dans l’imperfection
Aujourd’hui, la perle n’est plus seulement le bijou d’une petite fille sage et de son collier bien homogène. Ça, c’était le bijou de sa mère ou de sa grand-mère! Aujourd’hui, choisir une perle devient l’expression de soi, de son individualité. La perle devient audacieuse et contemporaine, une petite œuvre d’art. C’est le retour de la perle baroque! Bizarre, imparfaite, toute de creux et de bosses, et souvent amusante. Le meilleur exemple en est le créateur Ben Choi, sa marque BC Joaillerie et son slogan «Wear something that makes you smile» («Porte quelque chose qui te fasse sourire»). Ses colliers en perles d’eau douce irrégulières et naturellement colorées, sur lesquels se promènent des fourmis portant de lourds fardeaux, sont irrésistibles. De même que ses cônes de glace avec perle baroque ou ses perles un peu difformes auxquelles il ajoute simplement des pieds palmés en or et qui créent l’illusion de canards vus de dos. Les bijoux sont à des prix plus qu’abordables! Mais souvenez-vous qu’à la Renaissance, des créateurs de bijoux appelés grotesques, avec perles baroques, étaient les Ben Choi du XVIe siècle…
Margaret Mead, une anthropologue américaine qui s’est plutôt intéressée à la sexualité des habitants des îles Samoa, a trouvé une conclusion parfaite pour ces quelques lignes: «N’oubliez jamais que vous êtes absolument unique. Comme tout le monde.»
Catherine De Vincenti