Chez un antiquaire veveysan, vrai cabinet de curiosités à lui tout seul, un lot de petits porte-monnaie du XIXe siècle attire l’attention. Ces objets sont ravissants et paraissent si fragiles. Il s’agit d’une compilation d’une soixantaine de pièces, recueillies durant toute une vie, par une collectionneuse privée installée dans le canton de Vaud. Ces pièces sortent de l’anonymat un accessoire indispensable du quotidien d’hier et d’aujourd’hui.
Ce bel accessoire plutôt féminin, devient au XIXe siècle, ravissant et orné, populaire et … touristique. Il est souvent minuscule à petit, car destiné à une dame qui ne se promène pas avec beaucoup d’argent sur elle. Elle sort, généralement, accompagnée de son mari et n’a besoin que de quelques piécettes à jeter dans la coupelle d’un mendiant, à la sortie de la messe dominicale.
La découverte de l’antiquaire
Stéphane Galitch est antiquaire de père en fils et représente la troisième génération d’amoureux du passé. «Non, je ne pense pas qu’il y ait de quatrième génération», regrette-t-il. «Mon fils se consacre à l’architecture à l’EPFL». Sa boutique est une véritable caverne d’Ali Baba. Dans un grand éclat de rire, il assène sa devise: «Ici, il y a tout sauf de l’ordre et de la place»! C’est grâce à une succession que Galitch est tombé sur ce lot important en quantité et en qualité. «J’ai été immédiatement séduit par le travail très fin des pièces décorées en ivoire. Observez cette tête de bélier, elle est splendide et délicatement sculptée», s’extasie-t-il. «Je n’ai pas encore tout répertorié mais j’ai repéré quelques signatures et je vais encore faire des recherches».
Commodité et esthétique
Ces petits réticules sont souvent émaillés, décorés de mosaïques ou peints de scènes des capitales européennes, telles Rome, Saint-Pétersbourg, Londres et parfois des montagnes suisses. Ces objets utilitaires sont souvent offerts comme cadeaux au retour du «Grand Tour» comme le disent, en français, les aristocrates anglais qui, à la fin de leurs études, étaient envoyés sur les chemins européens pour parfaire leur éducation. Ces voyages ont servi de balbutiements aux premiers «guides». Le châssis des objets est parfois en métal précieux, argent, très rarement or, mais plus couramment en simple métal. L’intérieur du porte-monnaie est souvent en tissu mais parfois simplement en carton coloré. La fermeture doit sécuriser l’accessoire et peut également être joliment ouvragée.
Les carnets de bal
Autres objets d’élégance découverts au cœur de ce lot, quelques carnets de bal ! Si les porte-monnaie contemporains existent toujours et sont devenus bien plus grands et moins ouvragés, les carnets de bal ont bel et bien vécu ! Dans la période romantique, aux alentours de 1820, sont nés les bals publics où pour quelques sous vous pouviez allez danser avec un monsieur de votre choix. Les danseuses avaient besoin d’un aide-mémoire pour se souvenir dans quel ordre et avec quel danseur elles s’étaient engagées. Au début, cet accessoire élégant était un éventail dont l’armature, en os de bovin, comportait plusieurs lamelles sur lesquelles la jeune femme pouvait écrire au crayon à papier le nom du danseur. Ensuite, le carnet est devenu un véritable calepin contenant un certain nombre de pages … à remplir. Pour les bals d’apparat ou de société, certains de ces carnets étaient en argent en ou en or et contenaient de nombreuses pages. La variété des danses étaient nombreuse: la valse, la polka, la mazurka, la redowa ou la scottish, par exemple. Il fallait au moins une page par type de danse.
Aujourd’hui, on se balade à l’étranger le nez dans le Guide Vert, avec une carte de crédit dans sa poche et, partout sur la planète, on s’agite de la même façon … et plus personne ne sait danser!