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Oscar Heyman, le bijoutier des bijoutiers américains

Oscar Heyman & Bros a été surnommé par ses pairs américains, le « bijoutier des bijoutiers ». Au départ, il n’y avait aucune notion de superlatif dans ce qualificatif. L’entreprise créait et livrait simplement de splendides joyaux aux plus grands détaillants joaillers du nouveau monde. Cette année, Oscar Heyman & Bros fête ses 110 ans et, sur le fil, nous souhaitons rendre hommage à cette maison, en activité depuis 1912 et toujours en mains familiales.

C’est un bel anniversaire qu’Oscar Heyman a célébré durant toute cette année, surtout pour une maison américaine, logiquement plus jeune que ses consœurs européennes. Et pourtant, elle ne court après Van Cleef & Arpels (1906) que de six petites années. L’histoire de la maison voit ses prémices en 1901 quand Solomon Heyman, qui a neuf enfants, envoie deux de ses fils, Oscar (13 ans) et Nathan (16 ans), à Kharkov, une des grandes villes d’Ukraine, où la vie sera peut-être plus aisée pour deux petits juifs lettons.

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Trois broches Pensées qui restent des best-sellers de la maison. Toutes trois dessinées dans les années 1930 et réalisées, pour les deux premières, en 1950 et 1980 pour Laykin & Cie et Duncan & Boyd. La troisième est sortie des ateliers en 1960. Collections Firestone & Parson et Oscar Heyman & Brothers.

Des débuts étonnants et rapides

Les deux enfants sont accueillis dans l’atelier de leur grand-oncle qui travaille, semble-t-il, pour le joaillier impérial Carl Fabergé et quelques autres signatures. Ils y font leur apprentissage durant quelques années, apprenant toutes les techniques les plus sophistiquées de l’époque. En 1906, les deux jeunes gens émigrent aux Etats-Unis et débarquent à New-York. Ils y trouvent presque immédiatement à s’employer grâce aux compétences acquises en Ukraine. Oscar est embauché «à la cheville» dans le premier atelier new-yorkais de Cartier, sur la cinquième avenue, où il est le seul ouvrier à ne pas être français.

1912, la date inaugurale

En fin de compte, c’est la fratrie au complet qui s’expatrie à New-York. Tous seront, à un titre ou à un autre, employés dans la nouvelle firme Oscar Heyman & Bros. Dès lors, l’entreprise produira des pièces de joaillerie pour les grandes marques américaines et internationales, souvent avec beaucoup de fantaisie. Une équipe de vendeurs parcourait le pays pour engranger les commandes des meilleurs détaillants américains. On se souvient que Lalique et quelques autres bijoutiers célèbres pratiquaient de même en proposant leurs dessins aux ateliers et détaillants parisiens.

Une réputation inégalée

Aujourd’hui encore, la réputation de l’artisanat maison reste inégalée. Les compétences techniques, le travail impeccable du platine, le choix de pierres de couleurs exceptionnelles, la qualité du sertissage font de Oscar Heyman une grande maison. Grâce à Nathan qui fabriquait ses propres matrices, dès 1916, la compagnie a pu déposer sept brevets. C’est à la faveur de cette renommée, qu’en 1939, VC&A, désirant produire aux USA ses fameux bijoux avec serti «mystérieux», s’est adressé à Oscar Heyman & Bros.

L’Exposition Universelle de New-York en 1939

Alors qu’en Europe, ça commence à sentir le roussi, les américains, eux, sortent de la grande «dépression» et sont avides de montrer leurs nouvelles réalisations. Dans le cadre de l’exposition universelle de New-York, une «maison des bijoux» expose des merveilles. Il y eut néanmoins peu d’élus: seuls cinq détaillants importants ont tiré leur épingle du jeu. Oscar Heyman avait réalisé les pièces de quatre d’entre eux! Dans le grand public, personne ne connaissait son nom mais, chez les professionnels, on commençait à le surnommer «le bijoutier des bijoutiers». Exclus des expositions françaises de 1925 et 1937, les américains n’avaient pu montrer la qualité de leur travail et souhaitaient en «découdre». La firme remporta une médaille d’or, à New-York, pour une collection de broches florales, thème toujours très prisé par les américains. Orchidées, gardénias et pensées ont été couronnés de succès et restent, aujourd’hui encore, parmi les best-sellers de la marque.

La seconde guerre mondiale

Alors que la plupart des bijoutiers et joailliers du pays avait contribué à l’effort de guerre en produisant qui des pansements, qui des munitions, Oscar Heyman ne fit pas exception. Les roulements à billes suisses étaient désormais réalisés dans ses ateliers ainsi qu’un certain nombre d’instruments de navigation pour l’aviation. Néanmoins, la maison continua à fabriquer quelques bijoux patriotiques qui sont, aujourd’hui, très recherchés.

Les années d’après-guerre

Dans les années 1940 et 1950, la firme suit la tendance générale: or jaune, volume, pierres de couleur importantes et broches florales. Tout cela semble, parfois, très inspiré de VC&A. Dans les années 60, un changement de génération s’opère. Le plus jeune des Heyman, George, reprend le flambeau. Depuis, la maison crée des bijoux pour une clientèle aisée et de grandes stars, en association avec des détaillants éminents. En 1969, Cartier leur confie la conception, la réalisation et le sertissage du fameux diamant Taylor-Burton.

C’est désormais sous sa signature et avec pignon sur rue que Oscar Heyman & Bros produit de magnifiques bijoux mettant en valeur des gemmes d’exception, souvent de couleur et/ou avec phénomènes.

Very Happy Birthday Oscar Heyman et que les 110 ans à venir soient aussi féconds que ceux que vous venez de traverser!

Catherine De Vincenti

Photo: Oscar (debout) et Nathan en 1901 avant qu’ils ne quittent la Lettonie pour Kharkov. Sur les photos de la famille Heyman, on voit rarement un sourire. Archives Oscar Heyman.

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