Rassurez-vous, Gold’Or ne devient pas trilingue! Ce jeu de mots sur la marque joaillière française «Maison Alix Dumas – MAD» ne fait que souligner le caractère international de cette nouvelle signature … bretonne. C’est en effet à Auray, dans le golfe du Morbihan, qu’Alix Dumas a installé son atelier de douze mètres carrés et sa «maison» de haute-joaillerie et qu’elle rayonne à l’international. Une étoile montante qui brille déjà avec intensité au firmament endiamanté.
Dans le monde ouaté et international de la joaillerie, il est un nom qui se chuchote avec de plus en plus de vigueur, celui d’Alix Dumas. Surtout depuis que le fameux salon «Couture Jewelry» de Las Vegas lui a remis, en 2023, un premier prix de design. Une récompense inespérée pour une marque qui n’existe que depuis 2020 mais magnifiquement justifiée. Elle a concouru avec une broche exceptionnelle représentant une fleur de Magnolia qui lui a demandé près de 300 heures de travail. Réalisée en argent, or rose et titane, sertie de diamants, de spinelles dans une déclinaison de mauve et de quelques saphirs, sa pièce a conquis le jury. «C’est une consécration énorme», avoue la jeune femme. «C’est le salon le plus prestigieux. Les gens viennent du monde entier. C’est un prix donné par la profession donc il y a une vraie reconnaissance du savoir-faire et de la créativité».
Artiste sculptrice
Alix Dumas se qualifie volontiers d’«artiste en joaillerie», se sent à la fois sculptrice et joaillière contemporaine, ne souhaite réaliser que des pièces uniques pour des commandes privées et des créations personnelles. Ses bijoux se caractérisent par des volumes audacieux et fluides et d’attirantes pierres de couleur. Dans ses créations récentes, vues, par exemple, au dernier salon GemGenève, on a pu admirer son savoir-faire avec la technique du repercé sur toute une ligne de bijoux et surtout de magnifiques boucles d’oreilles. Cette pratique est utilisée pour ajourer une plaque en métal et créer des motifs ou des formes découpées. Le bijoutier utilise alors des outils spécifiques pour percer des trous ou découper des motifs dans une feuille de métal. En fonction de la complexité du design, cela peut être fait manuellement ou à l’aide de machines. Sortez vos scies à métaux et vos limes!
A l’ancienne
«Mon intention, dès le lancement de mon projet était de faire dialoguer plusieurs registres graphiques, de développer un langage créatif où se mélangent différentes techniques … la technique servant la créativité». Toutes ses pièces sont entièrement réalisées à la main, de l’esquisse au poli final et elle ne sous-traite que la fonte et le sertissage. Elle a fait le choix de l’or équitable Fairmined car il certifie la provenance et garantit les conditions d’extraction; elle privilégie toujours les matériaux renouvelables ou recyclés. Lors de l’entretien avec son client, elle fait ressortir la beauté et le charme des tailles anciennes et réutilise volontiers ces pierres qui vivent ainsi une seconde existence dans un bijou moderne. Même ses écrins sont fabriqués en France, avec des cuirs français. Son engagement étique va jusqu’à ces détails.
De la littérature au bijou contemporain
Pas de négociant en pierres ou de bijoutier dans sa famille. Pourtant, insiste-t-elle, «J’ai des souvenirs de vacances passées à expérimenter la création de bijoux à partir de bouts de métal et de ficelle!». Après des études en littérature, histoire de l’art et affaires internationales, elle a besoin d’une formation plus créative et s’inscrit à l’Afedap (Association pour la Formation, l’Enseignement et la Diffusion des Arts Plastiques) qui se distingue par son approche résolument innovante des métiers de la bijouterie contemporaine. Elle propose une pédagogie qui allie l’apprentissage des techniques traditionnelles de la bijouterie au développement de la créativité. Alors qu’à la fin de leur deux ans d’apprentissage, de nombreux élèves se jettent immédiatement dans le bain et créent leur propre atelier, Alix Dumas part dans le sud de la France, se perfectionner plusieurs années, chez un maître joaillier qui travaille pour de grandes maisons de la place Vendôme. Elle y apprend toutes les ficelles du métier et en repartira pour installer son atelier, non pas à Paris, mais en Bretagne. Comme quoi, la décentralisation est possible chez notre grand voisin.
Bientôt, son nom sera écrit dans les étoiles! Nous vous en faisons le pari …
Catherine De Vincenti