Conçue comme une sélection «capsule», la collection de la designer Marie-Hélène de Taillac pour les cristalleries de Baccarat se développe en un kaléidoscope de couleurs. Basée sur les pampilles octogonales signant les lustres de la grande maison française, elle les transforme en bijoux aux montures aériennes d’or ou d’argent.
L’histoire de la grande cristallerie lorraine ne se raconte plus! Il y a deux ans, Baccarat a fêté ses 250 ans, un anniversaire que bien des marques de luxe lui envient. Les aléas de l’existence, pour une entreprise si ancienne, ne lui ont pas manqués. A travers les hauts et les bas, Baccarat a su survivre, inventer, se diversifier et surtout maintenir une qualité et un savoir-faire légendaire que vingt-cinq MOF (Meilleurs Ouvriers de France) perpétuent avec amour et fierté.
Merci à Louis XV
Dans ces forêts vosgiennes, sombres et serrées, la vie était difficile au XVIIIe siècle, le travail rare. Pour employer cette population de bûcherons, Louis XV signa, en octobre 1764, un décret royal créant une cristallerie dont les fours n’auraient aucune peine à être alimentés. Depuis, Baccarat a vu passer bien des rois et des empereurs, a gagné de nombreuses récompenses internationales et autres médailles d’or. Tout au début des années 1990, alors que la cristallerie ronronnait rue de Paradis, à Paris, en vendant des verres, des lustres et quelques vases, un des fameux MOF inventait une bizarre boucle en cristal noir qui se glissait dans la conque de l’oreille. En 1992, Baccarat lança sa première collection de bijoux avec un pendentif cœur en cristal rouge, la couleur star de la verrerie, et la désormais célèbre paire de boucles d’oreilles. Sans grande connaissance du monde joaillier, Baccarat s’est lancé avec enthousiasme dans cette aventure qui lui a porté chance. Pourtant, quelques directeurs généraux ont dû avoir bien des sueurs froides.
Des collections «capsules»
De ravissantes lignes harmonisant cristal et métaux précieux ont vu le jour avec succès. Habituée à travailler avec des designers, la manufacture s’est également tournée vers des créateurs pour des bijoux très exclusifs. En 2003, la sculptrice et créatrice de bijoux Sonia Vári, accessoirement épouse de Fernando Botero, incorpore le cristal clair à des formes généreuses en or jaune. Elie Top, ancien assistant d’Yves St-Laurent et d’Alber Elbaz, signe, en 2010, une collection intitulée «Bouchons de carafe» aux volumes et facettes impressionnants. En 2011, Aude Lechère, réalise un splendide mariage du métal précieux et du cristal sous le nom de «Sous Bois». Cette fin d’année, voit arriver une ligne créée par la designer de bijoux «franco-internationale» renommée, Marie-Hélène de Taillac.
Marie-Hélène de Taillac
«Les lignes pures de l’octogone et la palette de couleurs de Baccarat offrent une liberté infinie de créations», atteste celle qui s’est fait connaître pour l’utilisation des pierres de couleur dans ses bijoux influencés par l’Inde. La créatrice n’est pas une joaillère mais une dessinatrice. Néanmoins, elle a été étudier les pierres au GIA pour apprendre à bien les choisir. Née en Lybie en 1964, Marie-Hélène de Taillac a toujours eu la bougeotte. Fille d’un papa dans le pétrole, elle connaît bien le Moyen-Orient puis a été vivre à Lon-dres. En 1989, elle se rend en Inde et franchit les portes de la célèbre joaillerie de Jaipur, le Gem Palace. Un vrai coup de foudre. En 1996, elle lance sa première collection de bijoux depuis l’Inde où elle vit désormais six mois par année. Elle a su s’inventer un style très coloré dans lequel les pierres précieuses sont essentielles. Ses sœurs sont venues la seconder pour ouvrir des boutiques à New-York ou à Tokyo. Ses bijoux s’accordent avec ses tenues souvent sobres. Elle les fait réaliser au Rajasthan pour bénéficier du savoir-faire ancestral des professionnels de cette région d’Inde. Mais elle travaille aussi avec des designers japonais et des ateliers français. La rencontre de l’amoureuse de la couleur et de Baccarat ne pouvait que créer un arc-en-ciel.
Une belle palette de teintes
«Le cristal est une matière fascinante qui capte et reflète toute la lumière», souligne Marie-Hélène de Taillac. L’emblématique boîte rouge de Baccarat s’ouvre sur un somptueux décor où les pampilles de lustres s’animent et se mêlent à un tourbillon de couleurs: cristal clair, bleu lagon, vert olivine, rose poudré et rouge-passion. Les teintes se déclinent en bagues, pendentifs, colliers et boucles d’oreilles. L’empreinte de l’or ou de l’argent est fine et sablée: l’esprit du bijou indien revu par une minimaliste. Les octogones sont facettés, parfois de manière concave afin de mieux accrocher la lumière. La bague sublimera le geste, les boucles éclaireront le visage et le collier multicolore ou uniformément rouge illuminera le décolleté le plus triste.
Catherine DeVincenti
Informations
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