Cette «vraie savoyarde» d’Aix-les-Bains est journaliste, bloggeuse en horlogerie, auteur, conceptrice, rédactrice, intervenante en Master Luxe, membre de jurys horlogers et bien d’autres choses encore. Elle fut reporter alors qu’elle vivait aux USA et en Afrique ainsi que correspondante pour le journal français Le Figaro et de nombreux magazines francophones, souvent féminins. Aujourd’hui, c’est son blog qui nous intrigue.
En 2015, Laurence Janin a démarré un blog d’un genre nouveau dans l’horlogerie. Humour, intérêt pour les montres de femmes, dossiers fouillés et circonstanciés. Après le journalisme pur et dur, elle s’est lancée dans la communication horlogère et a trouvé que ce petit monde était très en retard, mais … elle avait contracté le virus. «J’ai découvert qu’il y avait tellement de sujets à traiter en horlogerie, sur des plans très divers: la mécanique, la création de mouvements, les métaux, le sertissage, le design et même la gemmologie», témoigne-t-elle enthousiaste. «Par contre, poursuit-elle, j’ai côtoyé un monde de «machos». Alors que les montres pour hommes ont une fonction nécessaire (étanchéité, recherche de la précision, calculs, etc.), des complications, les montres de dames ne racontent pas d’histoire et sont d’une pauvreté créative épouvantable!»
L’image de la montre de dame
Qu’est-ce qu’une montre au féminin? En général, c’est une réduction du modèle masculin sur lequel on fixe un cadran en nacre et quatre petits diamants pour donner une vague idée de l’heure. Les femmes ne sont-elles pas toujours en retard? La précision est dispensée par un mouvement à quartz comme si les femmes, comme pour une voiture, ne s’intéressaient nullement à ce qu’il y a sous le capot. «Marie-Antoinette était passionnée par les montres. La preuve, Breguet a réalisé pour la dernière Reine de France la montre la plus compliquée de son époque … et qui l’est restée longtemps», précise-t-elle.
Laurloge.com
Partie du constat que la création, la communication et même les égéries étaient bien «pauvres» dans le monde des rouages au féminin, Laurence a voulu créer son blog pour toutes les femmes qui ne s’y retrouvaient pas. Combien de fois n’a-t-elle pas entendu cette phrase dites par des hommes: «C’est bien suffisant pour les femmes! L’image d’une marque ne se construit pas avec une montre de dame». Pourtant, dans les statistiques des ventes mondiales, hommes/femmes sont pratiquement à 50/50. Son blog capitalise sur son expérience de journaliste dans la presse féminine. En informant, expliquant les évolutions, racontant les tissus économiques en danger, les métiers d’Art, le patrimoine, les anecdotes savoureuses, etc., elle charme et attire les femmes vers l’horlogerie. Elle étudie le rapport émotionnel et affectif à la montre, donne à voir une vision généreuse et empathique des garde-temps.
«Les montres de dames ne racontent
pas d’histoire et sont d’une pauvreté
créative épouvantable!»
«Les beaux gosses de l’horlogerie»
Elle regrette que de nombreux créateurs horlogers bourrés de talent, tous ces «beaux gosses de l’horlogerie» comme elle aime à les nommer, ne se penchent pas sur la montre féminine. Journe y a fait une incursion en ne mettant peut-être pas suffisamment d’accent sur le design. Elle encourage Ludovic Ballouard et quelques autres dont les idées abondent, à se pencher sur les cinquante pourcent de femmes qui regardent l’heure sur leur montre alors qu’elles pourraient naïvement le faire sur leur téléphone. «De toute manière, la femme est l’avenir de l’horlogerie! J’en suis certaine…» conclut-elle.
Catherine De Vincenti
Info
www.laurloge.com («Laur’loge, l’horlogerie au féminin»)