«Jade at the Met», ça sonne un peu comme un festival au cœur de l’été! «Jazz at Marciac», par exemple. Eh bien, pas du tout! Depuis le 2 juillet, le Metropolitan Museum of Art de New-York (MET) met en valeur sa formidable collection de jades grâce au don «Heber Reginald Bishop». Elle sera visible jusqu’au mois de février 2025 et vous donnera un alibi pour un voyage transatlantique …
Vous ignoriez peut-être que c’est à New-York que se trouve une des plus importantes collections de jades au monde, tant en nombre qu’en qualité, rassemblée par un homme d’affaires américain qui a fait, très jeune, sa fortune à Cuba dans le raffinage du sucre. A dix-neuf ans, vers 1859, Heber Bishop prend le paquebot pour la perle de l’archipel Caraïbes. Deux ans plus tard, il y a créé sa propre entreprise Bishop &Co. En 1873, il vend ses entreprises cubaines et rentre à New-York où il se fait construire, sur le cinquième avenue, une superbe maison.
Le premier achat
Son premier achat date de 1878 quand il acquiert un vase ou plutôt un splendide pot à « pinceaux » magnifiquement et minutieusement sculpté sur ses parois incurvées de 22 centimètres de diamètre. Il dépeint une scène animée de la légendaire Rencontre au Pavillon de l’Orchidée, dans laquelle le maître calligraphe Wang Xizhi (303-361) et ses amis, assis au milieu des arbres et des rochers, composent des poèmes et boivent du vin. Cette œuvre a enflammé la passion de Bishop pour le jade, le menant à travers toute l’Europe puis en Chine pour trouver des objets en néphrite mais également en jadéite. En Inde, il découvrira également d’autres œuvres, très fines, décorées d’or et de pierres précieuses.
Différences entre la néphrite et la jadéite
On parle de «jade(s)» (nom masculin) mais ce terme recouvre deux variétés proches dont l’une, la néphrite, si l’on excepte la qualité du travail, est plus courante et moins chère. Elle montre souvent des inclusions sombres de magnétite. La jadéite est la variété précieuse de jade. Parfois coloré par le chrome , il lui donne une couleur émeraude qui peut aller jusqu’à l’exceptionnel si la transparence s’en mêle. Les deux variétés sont parmi les pierres les plus résistantes aux chocs mais la néphrite est un peu plus tendre que la jadéite et se prête encore mieux à la sculpture et la gravure.
Le don au MET
A la fin du XIXe siècle, la collection de Bishop comptait déjà 1000 pièces et ce dernier songea à la protéger pour qu’elle ne soit pas dispersée. «Trustee» (administrateur) du MET, c’est sans problème qu’il en fit don, après sa mort, au prestigieux musée. L’actuelle présentation ciblée comprend plus d’une centaine d’objets remarquables y compris des sculptures de jade, la pierre la plus estimée en Chine, et de nombreuses autres pierres dures. Ces œuvres raffinées représentent l’art sophistiqué des sculpteurs chinois de pierres précieuses durant la dynastie Qing (1644-1911) ainsi que les compétences des artisans indiens moghols (1526-1857), qui ont fourni une inspiration exotique à leurs homologues chinois. On peut également observer un ensemble d’outils de travail de la pierre et des illustrations d’ateliers de jade, pratiquant la méthode traditionnelle.
Un livre vient de sortir
Les amoureux des jades sont nombreux et ils attendaient avec impatience le livre «Jade a gemologist’s guide», écrit et publié par Richard Hugues et Lotus Gemology. Vingt-deux contributeurs du monde entier se sont associés pour raconter l’histoire du jade, non seulement comme pierre précieuse, mais aussi comme un objet culturel associé à de nombreuses civilisations différentes. Parmi de nombreux chapitres, celui de John Koivula sur les inclusions dans le jade est inestimable. L’ouvrage fournit également les méthodes pratiques les plus nécessaires à l’identification du jade dans deux chapitres distincts: «Nephrite Jade » et «Jadeite Jade». Ces deux chapitres couvrent toutes les méthodes, conventionnelles à avancées, de test sur les jades.
Catherine de Vincenti
metmuseum.org/exhibitions/listings/2022/passion-for-jade
lotusgemology.com