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Ilona Schwippel, galeriste de bijoux contemporaine

La galerie «ViceVersa» d’Ilona Schwippel et Christian Balmer est un ovni en Suisse! Grâce à ces deux bijoutiers, la capitale vaudoise est un lieu international, «the place to be» dans le monde du bijou contemporain. Voyageuse au long cours, c’est finalement à Lausanne qu’Ilona a posé ses valises. N’étant pas de langue maternelle française, elle a un très léger accent international et le goût du mot précis pour parler avec exactitude de ses artistes et de leurs créations.

On ne dira jamais assez combien la période de l’apprentissage est fondamentale dans le développement d’un jeune artiste ou artisan d’art. Ilona Schwippel a trouvé un «maître» lorsqu’elle est entrée en formation chez Michaël Zobel à Constance, en Allemagne. «C’est un artiste extraordinaire de passion, de générosité dans la transmission et la création», s’enthousiasme-t-elle encore des années plus tard. Zobel est un bijoutier mondialement reconnu aux œuvres modernes, inédites, fréquemment uniques et souvent centrées sur les pierres de couleur texturées. «Après un apprentissage aussi ‹fort›, je devais me trouver moi-même, explique-t-elle, et je voulais partir au bord de la mer. J’ai vécu de 1994 à 1998, à Lisbonne, où je suis arrivée avec une petite valise et mes outils de bijouterie». Le Portugal était encore un pays un peu enclavé mais, en 1994, Lisbonne obtenait le titre d’Année Européenne du Patrimoine Culturel et l’effervescence qui y régnait était exceptionnelle tout comme en 1998, date de l’exposition universelle. Avec ses compétences en anglais et portugais, Ilona est partie en stage chez Nunt Agur, à Tel Aviv. «C’est là que j’ai appris à dire ‹non› car il faut toujours qu’une expérience soit ‹win-win›, qu’on puisse échanger techniques et savoirs. Rien n’est jamais à sens-unique!» sourit-elle.

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Bracelet avec une perle de culture réalisé par Michael Zobel chez qui Ilona Schwippel s’est formée, à Constance, en Allemagne.

Etudes à Londres? Genève?

«J’avais envie de reprendre des études. J’ai proposé mon dossier et un travail personnel au Royal College of London qui m’a acceptée immédiatement en Bachelor, explique-t-elle. Christian Balmer avait déjà ouvert la galerie et, finalement, j’ai choisi les Arts Décoratifs de Genève où j’ai étudié tout en travaillant à Lausanne. C’était inspirant et passionnant. Ensuite, j’ai enchaîné avec un Diploma of Advanced Studies (DAS) dans la création, le luxe et les métiers d’art. J’ai trouvé cette période très nourrissante».

Une galerie de niche

Quel est le travail du galeriste? «Il fait le lien entre les artistes et le public. Le galeriste aide l’artiste à faire connaître son travail sans que ce dernier doive y consacrer trop de temps et d’énergie, explique clairement Ilona. L’artiste peut ainsi s’investir totalement dans ses créations». Le galeriste éduque, sensibilise et transmet à ses visiteurs la passion des créateurs. Cette année, la Galerie Viceversa fête, en trois volets, ses 20 ans de présence sur la Place St-François. Elle a présenté durant ces deux décennies des démarches artistiques fertiles et engagées et parie encore et toujours sur les créateurs de demain. C’est un programme aussi ambitieux qu’unique en Suisse.

Comment se forme-t-on?

Pas d’école, de cours spéciaux avant d’ouvrir une galerie. «Avec Christian, nous sommes tous deux bijoutiers et nous connaissons bien les métiers d’art, spécifie Ilona. Nous visitons de nombreuses expositions dans le monde, découvrons des créateurs, les accueillons à la galerie. Internet est d’une grande aide car nous pouvons voir les pièces et les courants esthétiques développés par l’artiste. Nous fréquentons de nombreux musées en Europe et avons la chance d’avoir, à Lausanne, le Mudac (Musée d’Art Contemporain)».

Rester en contact avec les jeunes

Ilona travaille avec la HEAD de Genève pour laquelle, elle fait un travail de tutorat, aide à structurer et canaliser les idées des étudiants qui préparent leurs travaux de Diplôme. Elle enseigne également à la Haute Ecole de Lucerne dans un programme intitulé XS Schmuck qui donne une lecture assez large de la création contemporaine plutôt liée aux corps, aux orthèses, prothèses et même aux sextoys. Quel bonheur pour un galeriste de connaître les futurs acteurs du bijou contemporain de demain ou d’après-demain!

Catherine De Vincenti

Info
www.viceversa.ch
Exposition «Inedit #3» jusqu’au 22 décembre

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