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EPHJ, on y va pour l’innovation

Le salon de la «haute précision» s’est achevé sur un record de fréquentation. La manifestation mise toujours plus sur l’innovation. Outre le Grand Prix des Exposants, elle a pour la première fois organisé le Forum de l’Innovation.

«L’innovation, c’est un puzzle caché dans une énigme. Mais il y a une clé.» Olga Fontanellaz n’a pas caché sa joie au dernier salon EPHJ, qui s’est tenu à Palexpo Genève du 11 au 14 juin. La start-up Incaptek, dont elle est co-fondatrice et CEO, y a remporté le Grand Prix des Exposants, qui récompense la meilleure invention. Un rendez-vous de la «haute précision» qui devient toujours plus une plate-forme de l’innovation. Outre la prestigieuse distinction qui a suscité le dépôt de 40 dossiers, la manifestation a organisé pour la première fois cette année le Forum de l’Innovation.

Malgré le ralentissement de la marche des affaires dans le monde de la sous-traitance, l’EPHJ a fermé ses portes sur un nouveau record: réunissant 760 exposants de onze pays, le salon a accueilli plus de 23’680 visiteurs, un chiffre jamais atteint. Unique en Europe, il se distingue par ses trois secteurs représentés, qui ont en commun la haute précision: l’horlogerie-joaillerie (92%), la microtechnique (55%) et la medtech (53%).

Un micromoteur révolutionnaire

Parmi les cinq innovations retenues pour concourir au Grand Prix des Exposants, toutes peuvent d’ailleurs prétendre à des applications dans plusieurs domaines. A commencer par Microqubic. Basée à Zoug, la petite société fondée en 2022 par Yuksel Temiz, un ancien d’IBM Research, est spécialisée dans la conception et la fabrication de systèmes électro-optiques. Compact et modulable, son microscope numérique MRCL700 3D Imager Pro présente un système d’éclairage incurvé original, qui permet l’imagerie 3D d’échantillons difficiles tels que les pièces mécaniques complexes, les structures imprimées en 3D et les micropuces en silicium, avec une résolution de l’ordre du micromètre.

Du silicium, il en est aussi question chez SilMach. Créé en 2003, ce spin-off du Centre national de recherche scientifique (CNRS) de Besançon a développé une nouvelle génération de capteurs alliant silicium et composants micro-mécaniques. Fonctionnant sans électronique et sans source d’énergie, ils sont capables de compter et mémoriser des évènements mécaniques tels que des déformations, des vibrations, des chocs ou encore des accélérations sur des années.

 

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Le micromoteur à entraînement direct de SilMach est composé uniquement de quatre pièces entourant un coeur monolithique en silicium offrant une efficacité optimale, une parfaite fluidité et une réversibilité de la rotation des aiguilles.

Un coffre-fort numérique

Mais à l’EPHJ, la société d’une trentaine de collaborateurs est venue présenter son micromoteur PowerMEMS. Composé uniquement de quatre pièces entourant un cœur monolithique en silicium, il est si petit qu’il se fixe directement sur un circuit intégré. Alimenté par une pile mais très frugal en énergie, amagnétique, il trouve des applications dans le domaine médical – pour des micro-pompes ou des micro-valves – ainsi que dans la téléphonie. Pour leur démonstration, l’équipe de SilMach a cependant choisi l’horlogerie, en implantant ce micromoteur dans une montre électronique. Sa précision permet un pilotage des aiguilles pas-à-pas, dans les deux sens (horaire et anti-horaire), avec des accélérations et des décélérations fluides, permettant ainsi un mouvement rétrograde des deux aiguilles. De quoi remplacer le fameux moteur pas-à-pas Lavet, utilisé depuis les années 1960.

De son côté, le spin-off de l’Université de Genève Phasis s’est associé à la société français OCODE pour développer un poinçon numérique. Dans le monde réel, le procédé consiste à sertir, par un procédé électrochimique, n’importe quelle surface rigide d’un nuage de points métalliques disposés en hexagone, et ce sans contact. D’un diamètre de plusieurs millimètres ou invisible à l’œil nu, ce poinçon à chaque fois unique devient alors un code, lisible avec un simple smartphone. On entre là dans un coffre-fort virtuel, conçu pour enregistrer la ligne de vie de l’objet dans une blockchain privée. Ce certificat numérique, ou NFT (non fungible token), peut contenir l’attestation d’authenticité, le contrat de garantie, la facture, des photos ou encore les documents d’entretien. Cette technologie trouve des débouchés pour tous les objets nécessitant une traçabilité: dans l’horlogerie-joaillerie naturellement, mais aussi dans l’aérospatial ou les instruments médicaux.

50 pour cent plus solide

Le domaine des matériaux tient toujours une place importante à l’EPHJ. Très dynamique – elle est à l’origine du boitier ultra-léger de la montre Richard Mille RM26 Rafael Nadal et de celui de la Moser Swiss Made Watch «Vacherin Mont d’Or» –, l’entreprise jurassienne Injector a présenté une solution d’accroche chimique entre résine et métal. Jusqu’à maintenant, pour lier une résine composite à une surface métallique, seules les solutions d’accroches mécaniques étaient possibles, comme des broches ou des trous. Injector a développé un agent d’adhésion transparent qui permet d’obtenir un «bi-composant» résine-métal totalement monobloc, quel que soit l’état de surface du métal (usiné, microbillé, satiné ou poli miroir). Evidemment, le procédé est exclusif et applicable à la résine maison «itr2».

Mais c’est bien Incaptek qui a décroché la palme de l’innovation cette année. Et c’est aussi dans le domaine des matériaux: la société hébergée au Switzerland Innovative Park Basel Area, dans le Jura, a mis au point une nouvelle technologie qui permet de produire des matériaux composites ultra-résistants grâce à des fibres allongées. «Ce genre de matériaux existait déjà, explique Olga Fontanellaz. Mais leurs fibres ont une longueur de 100 micromètres. Nous avons réussi à fabriquer des fibres dix fois plus longue, soit un millimètre.»

Autre nouveauté: chaque brin est individuellement et uniformément enduit de polymère. «Avec cette technologie, nos matériaux sont 50 pour cent plus solides. Très légers, ils peuvent même remplacer l’acier ou le titane», souligne la CEO. Particulièrement adapté au moulage par injection et à la fabrication additive (imprimante 3D), ces matériaux composites ultra-résistants peuvent être utilisés comme matériaux de construction de haute performance pour l’aérospatiale, l’automobile et le médical. La start-up de cinq personnes est à la recherche de partenaires industriels.

Fabrice Eschmann

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