Sophie Vantieghem a un parcours intéressant mais très loin de celui d’un long fleuve tranquille. Férue d’histoire de l’art et d’études muséales qu’elle a approfondies aux universités de Neuchâtel et Genève, cette biennoise a roulé sa bosse des Montagnes neuchâteloises à l’Inde mystérieuse. Basée aujourd’hui à Neuchâtel, elle utilise ses trois métiers en les entremêlant avec succès.
La Fondation Suisse pour la Recherche en Microtechnique (FRSM), créée en 1978, s’investit dans toutes formes d’initiatives permettant de valoriser et d’encourager le développement de la microtechnique et des activités économiques qui en découlent. Etablie à Neuchâtel où l’horlogerie et l’ingénierie sont capitales pour l’évolution industrielle du canton, la Fondation offre un vaste programme de formation continue tant technique qu’orienté marketing. La FSRM organise également des congrès et des événements dans toute la Suisse et à l’étranger. Elle favorise tout particulièrement les projets qui permettent de susciter l’intérêt des jeunes et d’assurer la relève des ingénieurs.
Un autre métier?
Conservatrice assistante durant huit ans au Musée des Beaux-arts de la Chaux-de-Fonds où elle a collaboré, préparé et co-organisé des expositions, fait de la médiation culturelle et participé à la conservation des œuvres du musée, Sophie Vantieghem s’est récemment orientée vers une activité plus axée sur la technique. «J’ai connu Sophie, il y a quelques années, alors qu’elle donnait une conférence à la Société Suisse de Gemmologie (SSG) sur l’Art déco et les bijoux de cette période, raconte une membre de la SSG. J’ai été étonnée d’apprendre qu’elle avait bifurqué vers un domaine plus technologique. Néanmoins, je pense qu’elle n’abandonnera jamais l’histoire de l’art car c’est une vraie passion, chez elle. Le regard que les artistes posent sur le monde interroge souvent mais donne également beaucoup de réponses».
Histoire de l’art et ingénierie: même combat?
Sophie est une curieuse qui aime aller toujours plus loin et se réinventer. C’est ainsi que, suite à une exposition Le Corbusier à La Chaux-de-Fonds, elle s’est déplacée jusqu’à Chandigarh en Inde, ville internationalement réputée pour son urbanisme dont le plan de la ville est dû à Le Corbusier, afin d’aider à la préparation d’une exhibition en plein air sur l’œuvre du grand architecte. «Avec mon travail à la FSRM, je suis en prise avec une tâche plus terre à terre, explique la nouvelle conseillère scientifique. Je peux également développer tout ce que la muséographie m’a enseigné: l’organisation, la rigueur à la fois dans les recherches et la réalisation d’un projet, le suivi et une ouverture d’esprit sur un monde qui m’est moins connu, celui des scientifiques et des ingénieurs. Je continue à collaborer à l’organisation d’événements passionnants avec de grandes institutions comme l’EPFL, le Micronarc Alpine Meeting (mAm) ainsi que des entreprises horlogères de premier ordre».
L’enseignement de l’histoire de l’art
«Mais oui, je vais continuer à enseigner l’histoire de l’art!, s’exclame-t-elle amusée. On ne peut pas inventer l’avenir, surtout s’il est très technique, sans connaître le passé et particulièrement celui des artistes, souvent de grands rêveurs mais parfois très clairvoyants. A l’Académie de Meuron, à Neuchâtel, j’associe à cette discipline la culture française. En deux ans, les étudiants se bâtissent une excellente culture générale et artistique qui leur permettra de continuer leurs études dans tous les domaines de l’art. Cette formation représente aussi un sas, une respiration, pour ceux qui ont besoin de temps pour savoir comment s’orienter et vers quoi».
Comme quoi l’art mène à tout, à condition d’en sortir … même à la technologie la plus scientifique!
Catherine De Vincenti
Info
www.fsrm.ch
www.academie-de-meuron.ch (Ecole d’arts visuels à Neuchâtel)
