Si, à l’instar de Winston Churchill, votre devise a toujours été «cigars, whisky and no sport», cet été a certainement été le pire de votre vie. Impossible d’y échapper! Sur toutes les chaînes de télévision, à toute heure, pour sportifs valides ou «para», les jeux olympiques sont venus vous chercher jusque dans vos derniers retranchements.
Savez-vous combien de médailles olympiques ont été frappées par la Monnaie de Paris, institution plus que millénaire, à l’occasion de cette XXXIIIe Olympiade de l’ère moderne? 5084! Chaque médaille d’or ne contient que six grammes d’or, cela fait partie de la Charte olympique, mais pèse au total 529 grammes; celle en argent est bel et bien en argent 925 ‰ et pèse 525 grammes; la médaille de bronze, ressentie parfois comme un pis-aller, représente malgré tout 455 grammes d’efforts et de sueur. Au cœur de chaque récompense, un petit bout de la tour Eiffel, récupéré et conservé lors des nombreux travaux d’entretien que subit régulièrement la «vieille dame». Son fer est incomparable. Provenant des forges de Lorraine, on lui a enlevé son excès de carbone, ce qui le rend pratiquement éternel. Quant aux magnifiques rubans qui paradent autour du cou des athlètes, ils ont été tissés à Saint-Etienne par l’entreprise Neyret qui, depuis 1823, fabrique des articles textiles d’identification: du ruban tricolore officiel au textile frappé des marques les plus huppées. 100 pour cent d’excellence à la française!
Les Jeux Olympiques sont-ils modernes?
Avant qu’Athènes ne reçoive, en 1896, les premiers Jeux Olympiques (JO) de l’ère moderne, de nombreux concours sportifs avaient eu lieu au moins huit siècles avant Jésus-Christ, dans différentes cités grecques. Mais, quatre siècles après notre ère, la Grèce adopte le christianisme comme religion d’État et c’en est fini de ces jeux à la gloire de dieux divers et variés. Pourtant, dès le premier siècle, Juvénal, poète satyrique romain, dont un des thèmes préférés était la décadence morale de la Rome impériale, écrivit dans sa Xe satire: «Mens sana in corpore sano», traduit généralement par «un esprit sain dans un corps sain». Chez Juvénal, cette formule ne revêt pas tout à fait le sens que nous lui donnons aujourd’hui. Il ne s’agit pas d’une exaltation du sport, mais plutôt d’une recherche d’un équilibre fondamental pour vivre une vie plus sereine. Quand on pense à tous ces profs de gym qui nous assénaient cette formule pour justifier l’importance de l’éducation physique!
Le «néo-étrusque»
Le style néo-étrusque est un mouvement artistique qui a émergé à la fin du XVIIIe siècle et s’est prolongé au cours du XIXe siècle. Il s’agit d’un courant néo-classique qui s’inspire librement de l’art étrusque antique, une civilisation qui a prospéré en Italie centrale. Les fouilles des cités antiques de Pompéi et Herculanum ont suscité un engouement pour l’art et l’architecture de l’Antiquité. Des bijoux décorés de mosaïques, représentant Rome ou d’autres cités, sont ramenés, en souvenir, dans les pays du Nord, par des jeunes gens effectuant leur Grand Tour. Napoléon III, grand amateur de la période, fera l’acquisition presque complète d’une étonnante collection de bijoux plus ou moins étrusques, regroupés au XIXe siècle par Giampietro Campana. Elle est actuellement propriété du Louvre où elle peut être admirée. De nombreuses pièces sont des reconstitutions «modernes», un peu bricolées, et certaines sont franchement fausses, fabriquées par le fameux atelier de Castellani qui s’inspire de ces antiquités pour réaliser un style «néo».
L’Antiquité «revival»
Le XIXe siècle s’ouvre au monde. Napoléon s’en va en Italie et en Égypte, des fouilles criblent la Grèce et d’autres pays méditerranéens. On redécouvre l’Antiquité. Les bijoux ne sont pas en reste. C’est aussi la mode à la grecque avec cette fameuse frise, très graphique, que l’on retrouve sur de nombreux bijoux et diadèmes. Les athlètes antiques ne recevaient pas de médailles, mais étaient ceints d’une couronne de laurier. Couronnes que l’on se réapproprie au XIXe, au théâtre, en toc, portées par des comédien(ne)s célèbres ou en «vrai» pour de sobres diadèmes décorés de diamants aux motifs de feuillages ou d’épis de blés.
Le baron et l’Olympisme
Pierre de Coubertin, l’inventeur des JO modernes, s’il était un affreux misogyne d’extrême-droite, était un homme intelligent, bon dessinateur et plein de ressources. C’était un véritable sportsman, anglicisme longtemps utilisé pour désigner un homme qui se livrait à des activités physiques et sportives. Il évoquait un idéal de masculinité associé à la force, à la compétition et au fair-play. Dans ce climat néo-classique, la Grèce cherchait, dès 1835, à raviver l’idée des JO. Mais en 1896, c’est le baron de Coubertin qui arrive à ses fins. Depuis 1915, Pierre de Coubertin a choisi Lausanne pour y établir le siège du Comité International Olympique (CIO). C’est une petite ville tranquille dans un cadre assez exceptionnel, au bord du Lac Léman, qu’il qualifie de lac helvétique. Durant le fracas de la Première Guerre Mondiale, la Suisse, déjà neutre, ne subit pas le tumulte de ses voisins. Néanmoins, il faut savoir que Lausanne n’était pas son premier choix. Il avait jeté son dévolu sur la bourgade de Morges, avait dessiné un stade olympique et tout ce qui était nécessaire à son implantation. Mais ça ne s’est pas fait! La municipalité de Lausanne offre, en 1925, le Château de Vidy pour y installer le CIO et Lausanne devient l’épicentre du sport mondial. En 1994, la ville est sacrée Capitale Olympique. Le baron, qui avait été un champion de tir au pistolet, est décédé d’une crise cardiaque, à Genève, alors qu’il se promenait dans un des parcs de la ville. Il est enterré au cimetière lausannois du Bois-de-Vaux et on ne peut pas «louper» sa tombe!
Le sport et les femmes
Les femmes arriveront tardivement à faire du sport de compétition, même si aux JO de Paris 1900, quelques femmes jouaient au tennis en robes longues! Les hommes craignaient que ces petites choses fragiles ne se fassent des descentes d’organes en courant et en sautant. Pourtant, dans l’aristocratie, les femmes montent à cheval, chassent à cour, tirent à l’arc, jouent au golf et les bijoux en sont témoins. C’est la mode des épingles de cravate et des broches représentant tous ces sports ou les animaux qui leur permettent de les faire. Les années 20 deviennent folles de sport. Les femmes se font couper les cheveux, portent des vêtements plus souples et vont s’habiller chez Chanel et ses jerseys. C’est la mode sportswear.
Les concours d’élégance
Les automobiles prennent le relais du cheval et les femmes s’habillent de façon à rentrer et sortir d’une voiture élégamment. Les années 30 sont une période faste pour les concours d’élégance automobile. Les événements qui mêlaient l’univers de l’automobile à celui de la mode étaient de véritables spectacles où les voitures étaient présentées comme des œuvres d’art. Ces concours étaient des rendez-vous incontournables pour la haute société. Ils permettaient de se montrer, de faire étalage de sa richesse, de son bon goût et de ses bijoux. Les femmes ne portaient pas d’affreux sacs en bandoulière, mais des minaudières, inventées par Van Cleef & Arpels, de petits sacs à main rigides qui servaient à transporter des accessoires féminins tels le miroir, le poudrier ou le rouge à lèvres.
Sport-chic
Les femmes fument, utilisent des fume-cigarettes, se remaquillent en public, ont besoin d’un étui à cigarettes et d’un bâton de rouge. En collaboration avec le joaillier Cartier, Jean Patou, qui habille les joueuses de tennis Suzanne Lenglen et Helen Wills, invente, pour la femme «sport», le premier bâton de rouge à lèvres «automatique» grâce un bouton pressoir. Voilà comment, de la médaille olympique, on arrive au bâton de rouge à lèvres!
Catherine De Vincenti
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