Rencontre avec Yacha Taché, membre de la troisième génération à la tête du groupe familial, aujourd’hui responsable du département «Pierres de pavage». Il nous présente ici les différentes étapes de production, de la mine aux collections de joaillerie, ainsi que les divers standards de qualité et autres mesures mises en place pour répondre aux exigences toujours plus pointues des maisons de joaillerie et des marques horlogères.
Gold’Or: Comment votre département est-il structuré?
Yacha Taché: Notre département couvre l’ensemble des petites marchandises non certifiées, c’est-à-dire des pierres allant de 1/1000 de carat jusqu’à 0.50 carat, communément appelées pierres de pavage ou mêlées. Nous servons ainsi aussi bien la joaillerie que l’industrie horlogère.
Qui comptez-vous parmi vos clients?
Nous étions à l’origine un négociant classique. Un tournant stratégique s’est opéré dans les années 1980, lorsque nous sommes devenus sightholder de De Beers. Ce fut alors le début de notre intégration verticale, de l’achat de diamants bruts à leur distribution, en passant par leur transformation et le contrôle qualité. Il y a environ quinze ans, nous avons décidé d’orienter une part significative de notre activité sur les grandes maisons de joaillerie.
Comment garantissez-vous l’origine de vos pierres mêlées?
Jusqu’en 2022, nous nous approvisionnions principalement auprès de deux sources: De Beers, dont nous sommes sightholder, avec des mines au Canada, au Botswana, en Namibie et en Afrique du Sud, et la société russe Alrosa, auprès de laquelle nous n’achetons plus depuis début 2022. En achetant nos diamants bruts directement à la source, et en les faisant tailler exclusivement dans nos propres ateliers au Botswana, en Arménie et à Surat (Inde), nous maîtrisons l’ensemble de la chaîne de production. Nous garantissons ainsi à nos clients l’origine et la traçabilité de chaque pierre.
Comment le contrôle des pierres taillées est-il réalisé?
Une fois taillées, les pierres sont renvoyées à Anvers. Elles y sont triées selon des critères précis: couleur, pureté, qualité de taille et fluorescence, le tout en fonction des standards propres à chacun de nos clients. Les grandes maisons de joaillerie avec lesquelles nous collaborons attendent des marchandises de très haute qualité: couleur G ou supérieure, pureté SI ou supérieure, et taille «Very Good» ou au-delà.
Et comment garantissez-vous le caractère naturel des diamants?
Nous effectuons un premier contrôle de naturalité sur la marchandise brute, dès son approvisionnement à la source. Une fois les pierres taillées, et avant toute expédition, elles sont à nouveau testées une par une dans notre propre laboratoire. Ce double contrôle nous permet de garantir à 100 pour cent que tous les diamants sont naturels et exempts de toute anomalie, notamment par des pierres synthétiques. Chaque lot validé est ensuite scellé et préparé pour l’envoi.
Est-il plus complexe de contrôler les petites pierres?
Le contrôle est effectivement plus laborieux, car tester 200 petites pierres demande bien plus de temps que d’en tester dix plus grosses. Néanmoins, nous maintenons ce niveau d’exigence pour répondre aux attentes de nos clients en matière d’origine, de traçabilité et de naturalité. Nous avons ainsi développé des solutions internes assurant une rigueur maximale sur l’ensemble de nos processus de contrôle.
Quelle est votre implication dans le secteur horloger?
Depuis plusieurs années, nous concentrons également nos efforts sur les marques horlogères haut de gamme. Nous avons ouvert un bureau dédié à ce secteur à Genève il y a trois ans. Aujourd’hui, l’horlogerie représente environ dix pour cent de notre volume total de pierres mêlées, et nous avons l’ambition d’y accroître notre présence. Notre savoir-faire nous permet de répondre aux standards élevés de ce secteur, similaires à ceux de la haute joaillerie.
Quel est l’impact des diamants synthétiques sur votre activité?
L’intérêt des clients finaux pour les diamants synthétiques existe bel et bien sur certains marchés tel que celui des États-Unis. Cela dit, la surproduction de ces pierres et leur forte dévaluation ont rapidement orienté ce type de marchandise vers l’entrée de gamme de la joaillerie. Si les prix des diamants naturels ont été impactés, on observe aujourd’hui un retour de la clientèle vers ces derniers, notamment en raison d’une prise de conscience accrue en termes de durabilité et de valeurs associées à la naturalité.
Quels services proposez-vous en matière de sertissage?
Nous avons ouvert à Paris un atelier entièrement dédié à la haute joaillerie qui offre une gamme complète de services pour les grandes maisons, allant de la retaille et du sertissage de diamants, à la fabrication et au polissage de pièces de joaillerie. Cet atelier réunit une vingtaine d’artisans hautement qualifiés, capables de répondre aux demandes de précision les plus exigeantes.
Quelle importance accordez-vous aux salons professionnels?
Nous étions présents à Hong Kong en mars, un salon qui s’est révélé très satisfaisant malgré des attentes initiales modestes. En mai, GemGenève constitue un rendez-vous majeur pour nous: nous y participons depuis sa toute première édition en 2018. En juin, nous serons au JCK de Las Vegas, et en septembre, à l’édition de Hong Kong. Nous visitons par ailleurs également des salons régionaux tels que ceux de Doha, Bahreïn ou Riyad, où nous rencontrons des bijoutiers locaux qui produisent des pièces exceptionnelles. mw
